10 jours que le débat prend de l’ampleur au Sénégal. Un débat clivant et dans lequel 2 camps semblent se faire face. Aussi invraisemblable que cela puisse paraitre.Chacun prend position, sans beaucoup de nuance. En même temps, il est difficile d’être nuancé sur un sujet aussi grave. Oui, le sujet est grave. Contrairement à ce que peuvent penser ceux et celles qui trouvent qu’il y a plus grave que les propos de l’enseignant de philosophie qui a dit, pendant une émission TV hyper populaire, qu’il condamnait très clairement le viol mais qu’il y avait une forme d’injustice parce que nous, les hommes, sommes condamnés pour 10 ans alors que les femmes violées ne sont pas condamnées. Or l’habillement osé et sexy des filles/femmes serait un pousse au viol, une exposition de ces dernières au viol et qu’il fallait donc « couper la poire en 2 ». Il a répété ses propos et dit en assumer l’entière responsabilité.


Comme je le disais plus haut, il est difficile d’être nuancé sur cette question. Des femmes et des hommes (dont moi) sont choqués qu’un enseignant puisse tenir de tels propos. Le monsieur a une réputation d’homme courtois, mesuré et lisse. Le propos aurait moins d’ampleur s’il venait d’un énergumène écervelé. C’est bien la preuve que nul n’est à l’abris d’une bourde, petite ou monumentale. Mais refuser de reconnaitre son dérapage est signe d’un orgueil mal placé ou d’un égo surdimensionné.


Maintenant, ceux et celles qui disent que l’enseignant/chroniqueur TV n’a finalement pas tort ou qu’il y a des sujets plus graves ont le droit de le penser. Les autres (dont moi) peuvent également penser que le sujet n’est pas moins important que tous les autres mis sur la table par ceux qui veulent comprendre ou nuancer les propos du chroniqueur.

Il y a certes consensus et condamnation unanime du viol mais la différence fondamentale me semble être ailleurs. Pour ma part, il ne s’agit point de lyncher l’enseignant ou d’entrer dans la bataille juridique qui se dénouera certainement au tribunal mais de simplement approfondir la réflexion. Comme il a voulu le faire durant l’émission.
Sur quoi se fonde le monsieur pour déclarer que les femmes qui s’habillent légèrement sont plus exposées au viol ? Il n’est clairement pas sociologue, psychologue, médecin… Sinon, il saurait que les viols commis au Sénégal se passent dans leur écrasante majorité dans l’espace familial. Pas dehors, dans une ruelle sombre ou en boite de nuit.
Ils sont souvent commis dans les villages et les villes par des tontons saï saï, des pères de famille, des cousins, des employés de maison, etc. Or dans cet espace familial, les filles/femmes (y compris les employées de maison) ne s’habillent pas comme en boite de nuit.


Par ailleurs, une femme en mini-jupe ou en pantalon moulant attirera certainement plus les regards, les commentaires et les approches des hommes qu’une femme couverte. Cependant, ce n’est pas parce qu’elle est couverte de la tête au pied qu’elle échappera à l’assaut bestial de ceux qui ne maitrisent pas leurs pulsions. Il s’agit de 2 choses différentes. La drague (même lourde) et l’agression sexuelle sont 2 choses bien distinctes. Rien n’arrêtera le prédateur qui cherche une proie pour assouvir sa soif sexuelle. Son regard libidineux peut certes être plus attiré par une tenue aguichante mais cela ne protégera nullement celle qui est habillée décemment. Il lui sautera dessus si l’occasion se présente. Les femmes sont voilées en Arabie Saoudite et en Afghanistan. Elles y sont pourtant violées. L’opportunité me parait donc bien plus déterminante que tout autre critère.
Beaucoup ne seront peut-être pas d’accord mais ainsi va la vie. Et tant que nous débattrons, malgré la rudesse des arguments, cela participera à la thérapie de chacun et de tous.


Excellente semaine à tous !

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